HOUELLEBECQ

HOUELLEBECQ, de Fernando ARRABAL, le cherche midi, 2005

 

 

Pierre Assouline, multicarte des lettres, tient un blog intéressant en ce qu'il reflète les remous des milieux littéraires et qu'il anticipe les succès et les échecs de l'édition. Ainsi, il avait bien prévu dès l'été 2006 le succès phénoménal des Bienveillantes. Il a toutefois des parti-pris déplaisants : il hait Sartre et colporte avec jouissance tous les écrits pouvant le critiquer, voire le calomnier. Il a par exemple (notamment le 13 juillet 2006) fait ses délices des articles d'une Ingrid Galster, Professeur à l'université de Paderborn (Allemagne) et protégée de Michel Winock (quelle surprise !), qui a pour fonds de commerce d'accuser, faussement, Sartre d'avoir profité de la destitution d'un professeur de philosophie juif pour prendre son poste en 1941 au lycée Condorcet. En revanche, Pierre Assouline est un admirateur éperdu d'André Malraux qu'il ne manque pas une occasion d'encenser ou de défendre. Ici nous sommes le 16 août 2005 et l'article porte le titre « Houellebecq, acte I »  (http://passouline.blog.lemonde.fr/livres/2005/08/houellebecq_act.html)

Il s'agit d'allumer un contre-feu au lancement du prochain livre de Michel Houellebecq, qu'il n'apprécie pas, et dont il peut influencer la carrière grâce à la notoriété de son blog. L'article comporte l'extrait que voici relatif à un ouvrage de Fernando Arrabal titré Houellebecq :

« ...son hommage à M.H. [Michel Houellebecq] est un incroyable salmigondis de lieux communs, d'éclats de conversations, de formules à l'emporte-pièce, de bribes d'articles, de morceaux d'interwiews, de restes d'articles ; il les range plus ou moins par ordre alphabétique et les présente comme des "définitions arrabalesques" destinées à devenir des "jaculatoires". Ce qui ne change rien à l'indigence du fond.
Les deux compères s'entendent par exemple pour conchier Malraux dans sa totalité :
" Il a eu le toupet et l'idée insensée de réaliser L'Espoir, sept bobines aussi gaies que la sienne, qu'il a baptisées film". Voilà le niveau.
On verra peut-être bientôt si le futur film que doit réaliser M.H. vaut une seule image du chef d'oeuvre qu'il tourne en dérision. Mais toi Fernando, tu vaux mieux que ça ! Ce n'est pas toi qui devrais admirer l'oeuvre de ton nouvel ami, mais le contraire. Réveille-toi,
hombre
! »

Les interventions des bloggeurs sont généralement fort déférentes pour l'hôte, mais sont parfois très irrévérencieuses comme celle postée le lendemain 17 août à 14:39 sous la plume de « Rafael Gouveia » :

«  Arrêtez avec Houellebecq, c'est pénible et ridicule. Avec tout le respect dû à Malraux, il faut ne pas avoir vu L'Espoir depuis plusieurs décennies pour trouver que c'est un chef d'oeuvre. Il s'agit bel et bien d'une oeuvre assez (très?) médiocre. Tellement médiocre qu'elle ne porte même plus à polémique. »

Une telle animosité de Pierre Assouline à l'encontre du livre de Fernando Arrabal incite bien entendu à le lire. On comprend alors qu'il ait déplu à un inconditionnel de Malraux car il comporte les deux "définitions arrabalesques" suivantes, ainsi que la citation de Michel Houellebecq : « au fait que Malraux ait pu passer pour un grand écrivain... on mesure l'abrutissement où nous a conduits l'engagement politique. »

 

Chapitre 7 : Sexe, science er religion

Malraux : Ministre béatifié, pour donner l'exemple, dans le temple parisien nommé Panthéon.

L'inscription que porte ce temple païen cache le nom chrétien de ce qui fut l'église Sainte-Geneviève. Les cendres de la sainte furent jetées dans la Seine avec la même ferveur avec laquelle celles du ministre ont été sacralisées par les arrière-neveux attardés des «tartarins» révolutionnaires foudres de guerre. Curieusement, certains en France prétendent que le défunt ministre fut un écrivain vivant. On le tient pour un nigaud et un épiphénomène démagogique et magique. «Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas », avec la variante « sera religieux ou ne sera pas ». Topor et moi, en tant que « paniques », nous pensions que le choc de la confusion du hasard et de l'entropie forme l'existence. C'est pourquoi nous avons préféré nous interroger : « Le XXIe siècle sera-t-il scientifique ou ne sera-t-il pas ?»

 

Chapitre 11 : Principe d'indétermination et mathématiques des motifs

Malraux: Kleptomane français et communiste qui finit cocaïnomane et gaulliste. Le plus surprenant c'est que, malgré son incroyable indigence scientifique, littéraire et philosophique, on l'ait hissé au rang de romancier, d'intellectuel et, plus grand mystère encore, de ministre. Il a eu le toupet et l'idée insensée de réaliser L'Espoir, sept bobines aussi gaies que la sienne, qu'il a baptisées film. Dans le couloir de l'appartement parisien de Vera et Milan Kundera, il y a une photographie de Moscou. Un groupe d'assis soviétiques se trouve derrière une table en compagnie de Malraux. Le pan du tapis qui la recouvre forme une pancarte souhaitant une gigantesque bienvenue au franc et utile gaul(l)issot : «Hommage au camarade Nalraux » (sic). Mais Judith sut dire à Holopherne : «Je croyais que tu étais le seul homme au monde. »

 

 

Jacques Haussy Février 2007