Pivot

BOUILLON DE CULTURE, émission présentée par BERNARD PIVOT, titrée RÉVÉLATIONS SUR MALRAUX, MAURIAC ET CÉLINE, diffusion du 27 AVRIL 2001, avec Olivier TODD et Paul NOTHOMB


Bouillon de culture - 27 avril 2001


On ne s'intéressera ici bien entendu qu'à la partie consacrée à Malraux de cette émission littéraire, soit une quarantaine de minutes, sur une heure 55 minutes environ. Les deux livres concernés sont Malraux une vie, la biographie réalisée par Olivier Todd parue chez Gallimard, et le roman de Paul Nothomb La Rançon, paru chez Phébus.


Paul Nothomb

Le choix de ce dernier ouvrage est surprenant, non seulement parce que Paul Nothomb est un faux témoin (voir sur ce site TH Nothomb et TH Nothomb 2) et que son livre est médiocre, mais parce qu'il s'agit de la réédition d'un volume paru chez Gallimard en 1952 sous le nom d'auteur Julien Segnaire, ce qui ne sera signalé à aucun moment – il est vrai que, curieusement, la mention ne figure pas sur l'ouvrage lui-même.


On constatera par ailleurs que le présentateur a une connaissance très approximative de son invité Nothomb. Il le présente comme « pilote de l'escadrille », ce qu'il n'a jamais été, mais ce que ne dément pas l'intéressé, ni Olivier Todd, et il prétend qu'il en est le dernier survivant. Or, Jean Gisclon, qui fut membre lui aussi de l'escadrille, et qui, lui, est un vrai pilote, au demeurant aux glorieux états de service, n'est décédé qu'en 2009. De plus il a écrit un livre La Désillusion, Espagne 1936 (voir TH Gisclon), paru aux éditions France-Empire en 1986, qui constitue un témoignage d'une autre valeur que celui de Nothomb…


Dans le livre de Nothomb, Malraux est représenté sous les traits du personnage « Réaux ». L'information figure sur la quatrième de couverture : « Réaux… clairement désigné comme un double de Malraux », et elle est confirmée par l'auteur durant l'émission. De fait, lorsque Réaux répond (p. 184) à la question « d'après vous, être un chef, qu'est-ce que c'est ? » par « Croire au destin, et ne jamais s'en remettre à lui », il s'agit bien d'une formule ampoulée, prétentieuse et hors sujet, typique de Malraux. Mais dans les lignes suivantes (pp. 89-90), Segnaire-Nothomb cherche à falsifier et mystifier. Elles disqualifient l'ouvrage comme témoignage, car Malraux, pas plus qu'il n'était titulaire d'un brevet de parachutisme (voir sur ce site TH Friang) ne l'était d'un brevet de pilote :

il se rendit au poste de pilotage. Réaux « s'amusait » à tenir les commandes. Sur l'indication donnée par Grandel, il esquissa (quoique titulaire du seul brevet de tourisme) un très honnête virage de quatre-vingt-dix degrés.


Horresco referens

Plus loin dans l'émission (vers la 33ème minute), Pivot fait à Todd la remarque suivante :

Alors, vraiment, je suis tout à fait étonné de lire toutes ces pages-là, parce que c'est vrai qu'il entre tardivement dans la Résistance en mars 1944, mais là - vous n'employez pas le mot - mais le portrait que vous en faites, à ce moment-là, une sorte de brouillon qui se balade avec son revolver sur les routes comme ça, qui essaie de rassembler des gens qui ne veulent pas de lui, on a l'impression que c'est un imposteur !


On pense à une autre émission littéraire, de Frédéric Ferney cette fois, lequel avait posé la question (voir sur ce site Ad Casanova) :

Olivier Todd, dénigrer - ce que vous ne faites pas - dénigrer Malraux, ce serait dénigrer la France, les Arts, la Révolution, la Résistance, l’Aventure, l’Orient, le Gaullisme... c’est impossible, vous n’avez pas osé, personne ne peut oser !


Les horresco referens des animateurs d'émissions littéraires sont comiques.


© Jacques Haussy, septembre 2016



Raymond Cousse est aussi ignoble et tordant (voir Cr Cousse) s'agissant de Bernard Pivot que pour André Brincourt. Il est aussi plus prolixe puisque l'article apostrophe à Pivot fait 33 pages, au lieu de 4 pour le critique du Figaro.

En voici un échantillon :


Je n’ai rien contre vous à titre personnel. Gentillet vous seriez, dit-on, et d’un commerce agréable - 26 % des intentions de vente - certains auteurs l’assurent. Je vous trouve quant à moi insignifiant en général et passablement niais lorsque vous vous mettez en tête de parler littérature. Vous ne m’intéressez d’ailleurs ici qu’en tant que représentant d’un système qui écrase la création littéraire en France. Mon propos se bornera à vous extraire de la toile du grand racket, puis à vous gratter quelque peu à la moelle afin de montrer de quel bois vous êtes fait et en quoi ledit système trouve en vous son fonctionnement idéal. Dans ce but, j’utiliserai les deux moyens à ma portée : d’une part quelques aperçus sur vos prestations hebdomadaires ; de l’autre, votre œuvre littéraire, heureusement méconnue car elle ruinerait par avance ma démonstration. Puis je vous replacerai en votre centre, comme si de rien n’était. Ni haine ni rancœur dans ma démarche, juste le petit devoir pénible. Il est temps que certaines choses soient dites.


Février 2017