Pia

DICTIONNAIRE ANDRÉ MALRAUX, Classiques Garnier, 2015

PIA, PASCAL 1903-1979




Pia-Camus Combat On travaillait sur Pascal Pia – sur un scoop : c’est lui qui a rédigé les Écrits farfelus de Malraux ! On s’est donc rendu sur l’entrée Pia du dernier Dictionnaire Malraux en date (un précédent Dictionnaire, chez CNRS éditions, est paru en 2011). Déception quant à l’importance de l’article, à peine plus d’une page, 643 mots, alors que l’entrée suivante, Picasso, Pablo, est trois fois plus longue, la suivante, Picon, Gaëtan, 2 fois ... Et surtout, déception quant au contenu, hâtif et bâclé. Rien ou presque n’est faux mais rien n’est tout à fait vrai. Et même, ceci tout à fait faux : Quand [Malraux] lui envoya son Saturne, qu'il lui avait dédicacé, Pia ajouta à la plume « son ami ? », puisqu’en réalité :  [Malraux] perçoit l’éloignement de son ami. A preuve la dédicace dont il orne l’un des derniers ouvrages qu’il lui envoie : " A Pascal Pia, son ami ? " Le point d’interrogation se passe de commentaires (Maurice Nadeau, Grâces leur soient rendues, p. 115). On ajoutera que la rencontre Malraux-Pia a eu lieu en 1920, non pas à la Bibliothèque nationale, mais à la revue Action, selon tous les biographes, Vandegans (p. 34) ou Lacouture (p. 19), par exemple, et on n’en dira pas davantage sur les rectifications et corrections qui seraient nécessaires.

Mais on relèvera le dédain dont fait montre le rédacteur à l’égard de Pascal Pia dans sa conclusion :

Si « toute destinée d'artiste commence par le pastiche », le drame de Pia est peut-être d'en être resté là et de n'avoir pas pu devenir un véritable écrivain.

C’est méconnaître totalement Pia qui a produit des ouvrages remarquables et a eu une carrière hors du commun, notamment dans la presse. Il avait une personnalité singulière, n’aspirait en rien au statut de « véritable écrivain », et il a dit un jour :

le talent châtre un homme avant même qu'il s'en aperçoive. Si tes livres sont assez beaux pour que l'adversaire se mette à les admirer à son tour, ou à te décerner des prix, c'est fini : te voilà ramené à la respectabilité des belles-lettres, tu ne travailles plus désormais qu'à la plus grande gloire des arts nationaux. (E. Du Perron, Le pays d’origine, Gallimard, 1980, p. 98).

Enfin on ajoutera que Pascal Pia jouit de l’estime voire de l’admiration de tous les connaisseurs de la littérature française du XXème siècle. Ainsi de Maurice Nadeau :

Pascal Pia était plus qu'un grand journaliste. Sa culture littéraire, son érudition, sa mémoire étaient proverbiales. Sa façon de vivre, de considérer la vie, les autres, n'appartenait qu'à lui. Ce fut l'homme le plus attachant et en même temps le plus secret que j'aie connu. (Une vie en littérature, p. 97).


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Dans ce Dictionnaire André Malraux, une attention et un soin raisonnables pour la rédaction de l’article sur Pascal Pia auraient été nécessaires, car, outre qu’il est un personnage considérable, et quoiqu’il soit son cadet de 18 mois, il fut capital, au moins autant que Clara Goldschmidt, son aînée de 4 ans, pour la formation du jeune André Malraux.


© Jacques Haussy, mai 2020