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Clara (1981)
capture d'écran recadrée


A LA POURSUITE DES PILLEURS DE TEMPLE, un film de Wolfgang Luck - LuckFilm avec Arte et SWR, 2014, 52 ' (extrait).


Ce film est une enquête sur le trafic international d'antiquités khmères, à propos d'une statue volée au temple de Koh Ker, mise en vente en 2011 chez Sotheby's à New York, et finalement restituée au Cambodge en 2013. Il a obtenu le prix du "meilleur film portant sur le thème du patrimoine mondial en danger" au IXème festival international du film d’archéologie de Nyon (Suisse) du 24 au 28 mars 2015. Un extrait de la bande-son figure ci-dessous, tandis  que le contexte est bien exposé ici :

http://next.liberation.fr/arts/2013/06/14/statues-khmeres-un-vole-pour-un-rendu_910966



[29:34] Nous voici à Banteay Srei. Tess Davis [Spécialiste en droit de l'art] nous montre les lieux. Celle qui se bat au côté de l’État cambodgien afin d'obtenir la restitution des trésors khmers volés a fait de Banteay Srei un élément essentiel de son argumentation. Voilà une centaine d'années ce lieu fut le théâtre d'un vol qui en son temps a défrayé la chronique. "En 1923 le français André Malraux, sa femme et son meilleur ami sont venus jusqu'à ce temple et se sont emparés de plusieurs chefs-d’œuvre qu'ils envisageaient de vendre sur le marché de l'art. Par chance ils se sont fait arrêter au Cambodge, et le gouvernement français a pu récupérer ces pièces." Pour l'écrivain alors âgé de 25 ans [sic-22 ans] et sa femme Clara, le Cambodge est un véritable terrain de jeu. Comme beaucoup d'européens, ils sont fascinés par la colonie exotique du sud-est asiatique et conscients de la valeur de ses trésors. Dans cette interview de 1981 Clara Malraux, d'origine allemande, évoque son grand amour. A l'époque Malraux voulait se refaire après avoir perdu toute la fortune de sa femme dans un placement boursier. "Il m'a exposé son projet, je l'ai trouvé complètement fou, mais je me suis dit : S'il en a envie, essayons ! Il pensait aller là-bas, trouver un temple encore inexploré, prendre quelques statues, et les vendre en Amérique. Ça me paraissait dangereux, mais pas inintéressant." "Et aujourd'hui, qu'en pensez-vous ? Ce n'était pas très correct vis-à-vis de ces pays que de s'approprier leurs chefs-d’œuvre." "Oh, on ne les aurait jamais découverts, ou alors trop tard. Le temple où nous étions se trouvait au milieu de la jungle !" "De la forêt vierge ?" "Oui." Aussitôt arrivé à Phnom-Penh avec les bas-reliefs volés, Malraux se fait arrêter. Il est placé en résidence surveillée dans cette maison. Condamné à une peine de trois ans de prison, il fait appel et bénéficie du sursis. En réalité cet événement n'a jamais entaché la réputation de l'écrivain. L'ancien pilleur de temple deviendra d'ailleurs le premier ministre français de la culture sous le général De Gaulle. Le dossier du tribunal concernant l'affaire Malraux est conservé aux Archives nationales cambodgiennes. En son temps, l'intellectuel français avait argumenté de la même manière que Sotheby's aujourd'hui. Pour lui les statues du temple n'appartenaient à personne. Ce n'était donc pas du vol. Mais à l'époque déjà cet argumentaire farfelu n'avait pas convaincu les juges. Alors pourquoi les avocats de Sotheby's le reprennent-ils aujourd'hui ? "Je pense que si Sotheby's se démène autant, c'est en désespoir de cause. Parce qu'ils réalisent que l'époque où ils pouvaient faire tout ce qu'ils voulaient est en train de s'achever. Dans le cas des neuf statues monumentales de Koh Ker par exemple, on voit bien que les personnages ont été arrachés de leur socle et coupés en morceaux avant d'être expédiés pièce par pièce en Thaïlande, puis aux États-Unis..." [33:21]


Clara (1981)
capture d'écran recadrée


avril 2015