Amis

TROIS AMIS HOMOSEXUELS



A ma connaissance personne, jusqu'ici, n'a noté que Drieu, Aragon et Malraux avaient, dans les années 20, le point commun d'être sensibles à la beauté des garçons, et bien entendu, d'être attirés par leur charme respectif qui les a rapprochés.
La diffusion ces jours-ci sur France 3 d'un film de François Caillat sur ces trois personnages est l'occasion de relever cette convergence.

Voici l'article, avec des photos des trois amis.

Je rappelle les articles TH Serra 1, et, surtout, Div AM homosexuel.

La célébration du prochain trentenaire de la mort de Louis Aragon est l'occasion de nombreuses publications, parmi lesquelles un "Aragon, la confusion des genres" de Daniel Bougnoux. Ce livre crée la sensation, car un chapitre décrivant une "scène de drague homosexuelle carnavalesque" en a été censuré par l'éditeur Gallimard à la demande de Jean Ristat, exécuteur testamentaire d'Aragon. Parmi les nombreux articles traitant du sujet je retiens celui-ci, parce qu'il renvoie sur de nombreux liens.

Du remarquable opuscule de David Bosc "Ombre portée" (1999, p. 11) j'extrais le passage suivant qui apporte un éclairage sur les relations Drieu-Aragon, et surtout sur le travail des soit-disant "critiques" :

... cet acabit de critique professionnelle, façon grand frère, est difficilement tolérable. Un clin d’œil, de la chronologie, une anecdote ayant traîné partout, c'est là tout leur travail. Et pas même la rigueur des documentalistes. Ils s'en foutent. De la copie de seconde main, des on-dit, de vagues souvenirs suffisent aux salopeurs de besogne. Frédéric Ferney, par exemple, nous apprend dans un essai sur Aragon que celui-ci fut à Drieu le modèle de Gilles. Et il nous le répète en interview : "Gilles c'est Aragon ; Aurélien, c'est Drieu". Dans Gilles, qui est un autoportrait, Aragon est dépeint sous les traits de Cyrille Galant, sans la moindre équivoque. Ils nous invitent à la lecture...

Un correspondant à qui j'ai communiqué avant publication l'article ci-joint, m'a fait ce commentaire que je livre à votre réflexion :

... je pense que l'affectif — quel qu'il soit par ailleurs — peut constituer un facteur déterminant de la sociabilité des écrivains. Mais une attirance ou une passion homosexuelle peut être mise de côté par l'histoire littéraire. Mon sentiment, toutefois, est qu'il faut se montrer prudent dans les opérations de réhabilitation si l'on ne veut pas perdre toute la nuance d'une situation au nom du facteur que l'on entend mettre au jour. Cela vaut aussi pour les gender studies. Donner à relire une situation, en revanche, à la lumière d'un axe oublié pour en montrer toute la complexité, est une opération passionnante.


© Jacques Haussy, octobre 2012