Tour

LA TOUR MONTPARNASSE

à l'occasion de son 40ème anniversaire



CE QUE JE DÉTESTE LE PLUS : ...Les destructeurs de sites... James Ensor



Parmi toutes les turpitudes imputables à André Malraux, dont il est dressé ici une liste (non exhaustive) en page d'accueil, la plus funeste et la plus grave est "responsable d'atteintes au patrimoine et au paysage urbain". En effet, ce type d'outrage est irréversible - le théâtre de l'Ambigu a disparu pour toujours et la Tour Montparnasse est présente pour très longtemps - et notre vie quotidienne s'en trouve dégradée à jamais.

La Tour Montparnasse donc. Il a déjà été dit ici (voir TH Friang) ce que cette Tour devait au Ministre des Affaires culturelles et Président du conseil général des bâtiments de France. À l'occasion de son quarantième anniversaire paraissent de nombreux articles, lesquels rappellent la responsabilité de Malraux dans son édification et la désignent le plus souvent comme un ratage. Parmi ces articles on retiendra celui (613 mots) de Luc Le Chatelier paru dans Télérama du 4 septembre 2013 avec le sous-titre : Symbole de la Vème République triomphante, elle avait emballé Malraux. Depuis, la tour Montparnasse fait l’unanimité. Contre elle...

Voici un extrait (117 mots) de cet article :

« Paris peut se réjouir. La colline de Chaillot possède le Trocadéro. L’Étoile a son Arc de triomphe ; Montmartre, le Sacré-Cœur ; la montagne Sainte-Geneviève, le Panthéon. Montparnasse aura son beffroi ! » En 1959, devant la maquette du gratte-ciel qui doit marquer le futur quartier d'affaires prévu à l'emplacement de l'ancienne gare Montparnasse, André Malraux, ministre des Affaires culturelles de la Ve République triomphante, trouve des accents gaulliens. En 1973, devant le résultat - 210 mètres et 57 étages couleur chocolat -, les Parisiens l'ont mauvaise. Incongrue dans ce paysage urbain, la tour Montparnasse cristallise bientôt toutes les rancœurs contre les architectes qui bétonnent, les promoteurs qui se gobergent et les politiques qui en profitent.


septembre 2013


Les magazines anglo-saxons adorent faire des classements (top 10 de ci, top 50 de ça...), y compris sur des sujets improbables comme les World's Top 10 Toilets :

http://www.virtualtourist.com/press-center/ugliest-buildings-list

En 2008 la revue Virtual Tourist a classé les "ugliest-buildings" du monde. Et qui au deuxième rang ? Notre Tour Montparnasse ! Bravo !

http://www.reuters.com/article/2008/11/14/us-travel-picks-ugly-idUSTRE4AD2V720081114


juillet 2015


Une rénovation de la Tour Montparnasse commence. Loin de tenter de se faire oublier, elle va enfler, par la base (les 13 premiers étages auront des « balcons verts ») et le sommet (18 mètres ajoutés). Et, miracle de l’avidité copropriétaire et de l’aveuglement municipal, le nombre des occupants va doubler, passant de 6 000 à 12 000. Le Journal de votre arrondissement Paris 15 n° 507, décembre 2017/janvier 2018, publie un dossier d’où sont extraites les précisions historiques suivantes, où l’on voit qu’André Malraux a joué un rôle très actif :

L'ensemble Maine-Montparnasse, avec la tour qui le symbolise, apparaît aujourd'hui comme une réalisation malheureuse de l'architecture parisienne sous Pompidou. Ce projet d'envergure des Trente Glorieuses devait remodeler un quartier connu pour avoir accueilli des artistes du monde entier au début du 20ème siècle. Loin d'incarner ce « beffroi contemporain  » et ce « phare de la modernité » voulus à l'époque par Malraux, la tour Montparnasse fait aujourd'hui figure de tache sombre et indésirable pour beaucoup de Parisiens….

Dès 1959, lorsque les premières études sont lancées, on conçoit mal le contraste de hauteur entre la tour et les édifices parisiens qui l'environnent. C'est sans compter, en 1968, sur l'obstination d'André Malraux, ministre de la culture de Georges Pompidou, qui accorde le permis de construire aux quatre architectes de l'agence AOM : Jean Saubot, Eugène Beaudouin, Urbain Cassan et Louis de Hoÿm de Marien. Il déclare alors : « La tour Montparnasse incarnera un beffroi contemporain, je vous le demande, au nom de la France. »


janvier 2018


Dans Télérama n° 3599 du 5 au 11 janvier 2019 un entretien-portrait d’une des figures marquantes de l’histoire de la Tour Montparnasse, Jacques Borel :

C'est au 56e étage de la tour Montparnasse que le businessman aujourd'hui rangé des fourneaux nous a donné rendez-vous, dans ce restaurant tout en baies vitrées qu'il inaugura il y a plus de quarante ans. «C'était le 20 octobre 1974 », précise-t-il avec ce goût des chiffres exacts qu'il extirpe des tiroirs bien ordonnés de sa mémoire [...]

Mais l'érudit à l'ancienne est d'abord un grand pragmatique : en plein boom du secteur tertiaire, il jette son dévolu sur le marché des cantines d'entreprises, jusque-là aux mains des syndicats ouvriers. Il nourrit les milliers de salariés de Renault ou de l'énergie atomique. Et bien sûr les propres troupes de son siège social, installé désormais sur quatre niveaux de la tour Montparnasse — cet emblème ultime de la modernité. Au sous-sol du building, il a installé «le plus grand restaurant d'entreprise d'Europe, six mille couverts et neuf salles à manger», dont il dit avoir lui-même dessiné les plans.


Janvier 2019


Vous vous demandez à quoi peut bien ressembler l'immeuble devant la Tour Montparnasse, dans le classement des bâtiments les plus moches au monde ? (https://www.reuters.com/article/us-travel-picks-ugly/travel-picks-10-top-ugly-buildings-and-monument-idUSTRE4AD2V720081114).
Ce serait l'Hôtel de Ville de Boston (Mass). Le voilà.

Encore une injustice : la Tour Montparnasse mérite le premier rang !


Avril 2019